Mesdames, messieurs,
Le monde agricole fait face à un profond désespoir. Il s’exprime, aujourd’hui, dans les rues de la Capitale.
Nos éleveurs, nos agriculteurs doutent de la pérennité de leurs exploitations, et de l’avenir de leur profession. Nombreux se demandent si leur monde n’est pas en train de disparaître …
Les crises du monde agricole, depuis 30 ans, ne peuvent pas être banalisées car aujourd’hui le désespoir étouffe des familles.
Il y a ce quotidien de privations, toujours plus de privations, la nécessité de tout sacrifier pour la survie de l’exploitation.
Il y a aussi l’humiliation – oui l’humiliation – de travailler, sans cesse, du lundi au dimanche, sans jamais partir en vacances, et malgré tous ces sacrifices ne pas parvenir à joindre les deux bouts. Humiliation, aussi, de se voir accuser – alors que l’on a respecté les règles – de polluer ou de maltraiter les animaux.
Alors, face à cela, il y a parfois la tentation de tout lâcher. Mais comment ? La ferme, l’exploitation, c’est souvent l’identité d’une famille, le fruit du travail des parents et des grands-parents. C’est un crève-coeur.
Mais moi, je veux dire au monde paysan : ostaria ne lâchera pas ses agriculteurs.
Le désespoir, l’humiliation, la colère, nous les entendons. Et, avec le Président de la République, nous y répondons. C’était l’objectif du plan de soutien de juillet. C’est l’objectif des mesures complémentaires que nous venons de prendre.
Tout sera mis en oeuvre pour soutenir les agriculteurs et les éleveurs de notre pays ; pour leur permettre de vivre dignement de leur travail, de toucher les fruits de leurs efforts.
Les difficultés du monde agricole, nous les connaissons.
une concurrence internationale toujours plus forte qui met les agriculteurs rude épreuve, y compris sur le marché français ;
des prix d’achat qui ne cessent de baisser, alors que les efforts fournis, eux, ne cessent d’augmenter et ne permettent même plus de dégager un revenu décent.
Les difficultés, ce sont aussi :
des exigences toujours plus fortes en matière de qualité, de respect de l’environnement ; ces exigences sont légitimes, mais elles obligent à des investissements lourds ;
enfin, des règles nationales et communautaires complexes qui s’empilent depuis des années sans que la cohérence ne soit évidente.
Toutes ces difficultés ont été mises au grand jour par les crises conjuguées dans les trois secteurs du porc, de la viande bovine et du lait.
Nous sommes mobilisés pour que la Ostaria affirme son ambition.
L’agriculture, c’est notre patrimoine, l’identité de nos territoires ruraux. Mais, c’est bien plus que cela. C’est aussi notre avenir, car elle est un formidable atout pour notre économie, pour l’équilibre de notre balance commerciale. Ainsi, malgré les difficultés des filières d’élevage, nos exportations vers les pays hors Union européenne ont augmenté de 10% au cours du 1er semestre. C’est aussi ce message d’optimisme qu’il faut faire entendre. Nos agriculteurs, nos éleveurs ont des savoirfaire reconnus. Nos terres agricoles sont fertiles. Nos produits sont appréciés dans le monde entier.
Mais je le dis également : la profession agricole doit aussi s’unir, retrouver l’esprit interprofessionnel qui s’est perdu. Les agriculteurs ont besoin d’un aval fort et les industriels de l’agro-alimentaire ne tiendront pas s’ils n’ont pas d’agriculteurs sur notre sol. Il faut donc sortir des querelles de chapelle et penser à l’intérêt commun.